
Le stress existe depuis la nuit des temps. Lorsque nous vivions encore dans des cavernes, il nous permettait de fuir ou de combattre un danger tel que la brusque apparition d’un tigre à dents de sabre devant nous. Aujourd’hui le stress est considéré comme le fléau des temps modernes. Il toucherait 9 Français sur 10 selon un sondage réalisé par Opinion Way en 2017 (1).
Dans le langage courant, on qualifie de stress aussi bien l’agression (« ce bruit est stressant ») que notre réponse devant une situation (« je suis stressé »). Les effets du stress varient néanmoins énormément d’une personne à l’autre : la première se sentira sous pression avant de passer un entretien d’embauche et une multitude de signaux d’alerte affecteront sa qualité de vie (troubles du sommeil, ennuis digestifs, tachycardie…), tandis que la seconde ressentira à peine un picotement au moment de franchir le seuil de la porte du recruteur.
Définition du stress
Le stress a fait l’objet de milliers de publications mais aucune définition universelle n’a pu clairement voir le jour. Dans le domaine médical, le stress correspond à la réaction de notre organisme face à un événement perçu comme menaçant, ainsi qu’à la relation entre l'agent stressant et les conséquences qu’il engendre sur notre organisme.
Le stress est un concept complexe. Il nécessite souvent une approche globale et pluridisciplinaire alliant les visions physiologique (biologie, neurosciences) et psychologique.
Le stress déséquilibre notre homéostasie
Quoi qu’il en soit, le stress provient d’un stimulus extérieur et met en danger notre homéostasie, c’est-à-dire l’équilibre normal de nos fonctions corporelles.
L’homéostasie est le processus par lequel une stabilité relative de notre milieu intérieur est maintenue, de façon à ce que nos fonctions métaboliques se déroulent avec le maximum d'efficacité. L'homéostasie est assurée par les muscles et les glandes, dont le fonctionnement est régulé par les informations sensorielles provenant du milieu intérieur. Elle assure ainsi le maintien de nos constantes biologiques entre les limites des valeurs normales en influençant la plupart des organes et en intégrant des réponses motrices viscérales et somatiques :
régulation des centres du système nerveux autonome : pression artérielle, fréquence et intensité des contractions cardiaques, motilité du tube digestif, fréquence et amplitude respiratoire, diamètre pupillaire…
régulation des réactions émotionnelles et comportementales : manifestation physique des émotions, perception de la peur telles que les palpitations, l’augmentation de la pression artérielle, la pâleur, la transpiration, la sensation de bouche sèche…
régulation de la température corporelle
régulation de l’apport alimentaire : sensation de faim et sentiment de satiété
régulation de l’équilibre hydrique et de la soif
régulation du rythme circadien
D’un point de vue physiologique, il faut distinguer le stress aigu et le stress chronique (en savoir plus ).
Le premier est ponctuel. Il correspond à une réponse adaptative face à un événement, l’organisme revenant à un état d’équilibre assez rapidement.
Les neurotransmetteurs (2) de type catécholamines (noradénaline et adrénaline) permettent ici les réponses au stress.
Le second dure dans le temps. Les mécanismes d’adaptation au stress altèrent le fonctionnement de l’organisme et conduisent à différents troubles. Dans le cas du stress chronique, c’est une hormone (3) de type glucocorticoïde, le cortsisol, qui va venir soutenir le rôle de la noradrénaline et de l'adrénaline.
La sécrétion du cortisol
La sécrétion du cortisol est soumise à un rythme circadien. Le cortisol est secrété principalement le jour avec une libération toutes les 90 minutes. Les pics de cortisol les plus importants ont lieu entre 6 et 10h, vers midi, vers 17h30 et vers 21h. L'absence de sécrétion la nuit permet le sommeil et la réparation cellulaire.
La sécrétion de cortisol est également plus importante de décembre à mars pour lutter contre la saison froide.
La sécrétion de cortisol est régulée au niveau du cerveau. Elle suit une boucle de régulation complexe, nommée axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. L’hypothalamus, une petite région située au cœur du cerveau servant de pont entre le système nerveux autonome et le système endocrinien, secrète une hormone, la CRF (corticolibérine) pour agir sur l’hypophyse. L’hypophyse, une glande endocrine située dans le cerveau répondant aux stimuli de l’hypothalamus, synthétise à son tour une hormone, l’ACTH (Adreno-Cortico-Trophic Hormone). Celle-ci est libérée dans la circulation sanguine pour atteindre les glandes cortico-surrénales situées juste au-dessus des reins et provoquer la libération du cortisol.
Toutes ces commandes sont régulées en fonction des signaux des neurones de la rétine et s'ajustent par un système de rétrocontrôle (frein ou libération).
Le cortisol est une hormone stéroïde, c’est-à-dire produite à partir du cholestérol. Il a pour objectif de réguler notre métabolisme en mobilisant de l’énergie en quantité suffisante pour nourrir nos muscles, notre cerveau mais aussi notre cœur afin de faire face au stress.
Les rôles du cortisol en cas de stress chronique
Dans le cas du stress chronique, l'action du cortisol est délétère dans bien des domaines. Nos mécanismes d'adaptation face au stress sont les mêmes qu'il y a des milliers d'années. Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui va beaucoup trop vite. Notre organisme ne distingue pas l’intensité des situations stressantes. Il ne se contente pas de produire du cortisol uniquement dans les situations qui nous mettent en danger, il en produit également lorsque nous sommes coincés dans les bouchons ou dans une file d’attente au supermarché.
Le cortisol est un véritable starter métabolique. Il permet la libération d'énergie à partir de nos réserves en augmentant le taux de sucre dans le sang et favorise la mise en réserve. Il participe au métabolisme des glucides, lipides et protéines :
il augmente la glycémie en stimulant la synthèse de glucose par le foie
il stimule la dégradation des protéines dans la plupart des tissus (les muscles par exemple) afin de les découper en petites briques (les acides aminés) qui seront libérées dans la circulation sanguine avant d'être transformées en glucose dans le foie
il agit de même pour la dégradation des lipides en éléments plus petits (les acides gras), mais il active aussi leur stockage
C'est pourquoi en situation de stress chronique, nous pouvons prendre du poids, mettre en place une résistance à l’insuline (diabète) ou voir notre cholestérolémie augmenter.
Le cortisol régule le rythme circadien : il stimule l'éveil et inhibe le sommeil. En cas de stress chronique, il peut engendrer des troubles du sommeil.
Le cortisol aide à maintenir l’équilibre entre le sel et l’eau contenus dans notre corps. Il s’agit d’une fonction primordiale dans le fonctionnement normal du muscle cardiaque. En effet, les courants électriques générant nos battements cardiaques dépendent de ces niveaux de sel. Le stres chronique peut entraîner des arythmies cardiaques.
Le cortisol entraîne la fuite de potassium (hypokaliémie : fatigue, crampe, troubles digestifs...) et la favorise la rétention de sodium et donc la rétention d'eau.
Au niveau osseux, le cortisol agit sur le squelette :
il inhibe l'activité de construction des ostéoblastes (cellules osseuse)
il diminue l'absorption intestinale de calcium et augmente son élimination au niveau du rein
Il peut donc entraîner ainsi un ralentissement de la croissance chez l’enfant de la formation de l'os et chez l’adulte (difficulté de rétablissemnt suite à une fracture, ostéoporose).
Au niveau cardio-vasculaire, le cortisol augmente la sensibilité des fibres musculaires lisses aux agents hypertenseurs (catécholamines et angiotensine) et diminue l'efficacité des agents vasodilatateurs sur la paroi des vaisseaux sanguins. Il favorise par conséquent l’hypertension artérielle.
Le cortisol participe aux processus anti-inflammatoire et immunitaire. Ces principes sont utilisés dans sa version chimique, la cortisone. En cas de stress ponctuel, il entraîne la diminution des lymphocytes circulants, la stimulation de production de globules rouges et l'augmentation des neutrophiles et des plaquettes. En cas de stress chronique tous ces processus sont inhibés.
Au niveau cutané, il entraîne un retard de cicatrisation des plaies.
Au niveau gynécologique, les hormones sexuelles féminines, notamment la progestérone, utilisent les mêmes nutriments pour être produites que le cortisol. Ce dernier est prioritaire, raison pour laquelle on observe parfois des cycles menstruels irréguliers ou de l'aménorrhée (arrêt des menstruations) chez les femmes stressées.
Conclusion
Bien qu’il existe une grande variabilité individuelle dans nos réponses face aux situations stressantes, nos mécanismes physiologiques sont néanmoins inadaptés aux situations de stress chronique telles que nous les subissons dans nos sociétés modernes. La naturopathie est une alliée précieuse pour accompagner chacun d’entre nous vers un meilleur équilibre de vie. Le père fondateur de la médecine, Hippocrate, définissait déjà à son époque la maladie comme un déséquilibre de notre homéostasie. Nous lui devons d’ailleurs la citation suivante : « Que ton aliment soit ton médicament ». Alimentation saine et vivante, cures de détoxifiation ou de revitalisation, méthodes de gestion du stress, plantes, huiles essentielles… les outils naturopathiques ne manquent pas pour favoriser le bien-être au naturel. Une approche globale de notre corps à l'aide d'un travail d'écoute et d'un bilan de vitalité, ainsi que la mise en place de conseils personnalisés à la situation de chacun sont les principes sur lesquels le naturopathe fonde sa pratique.